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Souvenirs de deux habitants de La Place

 

Être artisan à Coublanc au début du XXe siècle

Nous sommes étonnés aujourd’hui d’entendre les témoignages sur la vie à Coublanc il y a quelques dizaines d’années : comment ce village pouvait-il compter autant de commerces et d’artisans voisins les uns des autres ? Comment gagnaient-ils leur vie ? Se faisaient-ils concurrence ? Avaient-ils beaucoup de travail ?

— Sans aucun doute, la façon de gagner sa vie a beaucoup changé.

Il y avait autrefois beaucoup d’artisans travaillant pour leur propre compte ; mais se lancer dans l’artisanat et créer sa propre entreprise n’était pas une affaire aussi compliquée qu’aujourd’hui.

D’abord, l’état n’y mettait pas le nez : pas de taxes, ni TVA ni autres, pas de déclaration à faire. Pas de charges sociales, mais en contrepartie, bien sûr, il n’y avait pas non plus de protection et il ne s’agissait pas de tomber malade.

L’apprentissage se faisait peu à peu et on n’avait que faire d’un diplôme : quand on connaissait son métier, l’idéal était d’exercer sur place ou dans les communes voisines ; ainsi  les gens se connaissaient tous et on savait bien qui était compétent… ou qui était un peu paresseux ! Mais les mauvais ouvriers étaient rares ; sans avoir fait un apprentissage « officiel », il fallait surtout être débrouillard et travailleur. La meilleure preuve que les gens d’autrefois nous ont laissée de leur talent, ce sont ces belles maisons en pierre du pays qui souvent n’étaient pas construites par des professionnels, pourtant elles sont encore debout pour des années !

L’artisan qui se mettait à son compte n’avait donc pas de « paperasses » à remplir ; pas besoin non plus de tenir son livre de comptes ; d’ailleurs cela aurait été difficile, car les paiements n’étaient absolument pas réglementés et on n’était pas très regardant, la règle était de faire confiance. Souvent un ouvrier travaillait une journée ou deux pour rien chez un voisin, et celui-ci à son tour venait lui donner un coup de main un peu plus tard. Ce genre de partage se faisait surtout pour les travaux agricoles, qu’on faisait tous ensemble, à tour de rôle chez les uns puis chez les autres.

Comme il n’y avait pas de machines, pas d’équipement compliqué, l’apprentissage était facilité et le fonds de commerce était vite monté ; par exemple, Victor Grapeloup, qui voulait être maçon, acheta une pelle et une truelle, et il partait travailler avec son sac de ciment sous le bras, se louant à la journée partout où on avait besoin de lui.

De même, le métier d’électricien ne ressemblait pas beaucoup à ce qu’il est maintenant. Quand l’électricité arriva, des gens s’improvisaient : Eugène Deverchère, qui jusque-là vendait des vélos, devint électricien sans avoir appris. Il faut dire que c’était plus simple que maintenant ; il suffisait d’une ampoule dans chaque pièce, pas d’appareils électroménagers ou autres, donc pas besoin de prises, et on faisait courir le fil dans le coin des pièces sans se soucier de le cacher.

Il en était ainsi pour un bon nombre de métiers, mais si l’artisanat était plus simple, il n’était pas pour autant plus facile : sans machines, tout se faisait à l’« huile de coude » et il ne fallait pas avoir peur de se fatiguer !

Les gens d’autrefois travaillaient-ils plus que maintenant ?

— Ceux qui étaient employés dans les usines devaient respecter des horaires et des règlements très stricts ; mais ils n’étaient pas la majorité. La plupart des artisans travaillaient à leur rythme, selon les saisons ; il y en avait comme Louis Berthier qui avait son travail de maçon toute la journée, et qui le soir en rentrant partait s’occuper de ses cultures, parfois jusque très tard. Mais il y avait aussi « c’tu brave homme de la Place » (cf. « le petiau barau » ) qui mettait tout l’après-midi à ramasser « son petit pani de treuffes »… et à boire son litre !

Cependant la plupart des gens ne « regardaient pas à la peine ». Quand ils avaient fini leur journée de travail, ils avaient encore et toujours quelque chose à faire chez eux ; en effet si autant d’artisans et commerçants arrivaient à gagner leur vie côte à côte, c’est aussi parce qu’ils avaient autre chose à côté : chaque famille possédait un peu de terre, un peu de vigne, un potager, peut-être un poulailler, des lapins,…et, bien sûr, un ou plusieurs métiers à tisser Tout cela représentait un complément de revenus bien utile, mais aussi du travail supplémentaire.

Il faut dire aussi que chacun se contentait de peu. Les familles vivaient avec des revenus qui nous paraîtraient dérisoires, sans songer à toutes ces dépenses que nous trouvons indispensables aujourd’hui : voitures, appareils électroménagers, chauffage confortable, départs en vacances…


Les dimanches après-midi à La Place

Nos témoins nous parlent non de leur génération, mais de celle de leurs parents.

Tous les dimanches après-midi, les hommes du village jouaient au palet : c’est en fait un peu l’ancêtre de la pétanque.

Accessoires nécessaires :

- une vieille casserole ou une boîte de conserve ;

- une pierre plate pour chaque joueur ;

- des baguettes de noisetier ;

- un couteau ;

- et… des litres (pleins) !

Il s’agissait donc d’atteindre la vieille casserole chacun son tour avec une pierre plate. On lançait la casserole loin devant, et le joueur qui commençait pouvait décider de la façon de lancer sa pierre : par exemple, par-dessus l’épaule, ou bien par-derrière la jambe droite, etc. Les autres devaient l’imiter ; certains s’amusaient à se spécialiser dans une technique que les autres n’aimaient pas imiter, mais celui qui voulait inaugurer une façon trop compliquée pouvait se prendre à son propre piège ! Le joueur qui touchait la casserole ou en était le plus proche avait gagné. Quant aux autres, chacun avait une baguette de noisetier, sur laquelle l’arbitre armé d’un couteau faisait des marques pour compter les coups ratés. Lorsque chacun avait joué et que les scores étaient inscrits, on relançait la casserole un peu plus loin, et ainsi de suite.

Les joueurs partaient du carrefour de La Place et, lançant toujours leur casserole, ils montaient, passaient aux Justices et revenaient par La Raterie. Ils pouvaient s’installer tranquillement au milieu du chemin, car il était très rare qu’une voiture passe ; et aucune de ces routes n’était goudronnée. Il leur fallait largement tout l’après-midi pour faire ce tour.

Et pendant tout ce temps, ils n’allaient quand même pas rester le gosier sec ! Un des joueurs, ou bien un jeune réquisitionné au passage, devait faire la navette jusqu’au village pour rapporter des bouteilles. Victor Grapeloup racontait qu’il était souvent chargé de cette mission et que les bouteilles disparaissaient si vite que lui n’avait jamais le temps de jouer, puisqu’il fallait toujours aller en chercher une autre !

Mais ce n’était pas tout : à la fin de l’après-midi, tournée générale pour laquelle chacun devait cotiser en fonction du nombre d’encoches qu’il avait récoltées sur son bâton de noisetier ; tous ensemble, ils allaient au café, souvent chez Rolland. Là, la journée se terminait souvent en engueulade ; deux compères juraient leurs grands dieux qu’ils ne s’adresseraient plus jamais la parole ; mais le lendemain on les trouvait en train de boire un canon ensemble…

Comme l’est encore souvent la pétanque aujourd’hui, ce genre d’occupation était absolument réservé aux hommes. Les femmes préféraient pendant ce temps-là rester chez elles à discuter ensemble, et il arrivait qu’elles envoient les enfants aux Vêpres pour être un peu plus tranquilles.


Souvenirs de  Maurice Villard et de Claude Chevreton (La Place)

Recueillis en 2002 par Anne-Marie Déal et Renée Druère

Et mis en forme par Anne-Claire Millord.

  
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