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Recueil de textes en patois


Le petiau Barau

Atreufa din nauté campagne, din totes les maisons, petiotes ou grandes, i ziavau un petiau barau. Et di kiétau pratique ; i sarvau taus los dzeus, a tsâ momin. I tenau pouan de place, atcheulé sau la lodze, ou din un couan de la grandze. To le tin pré à sarvi. Juste à impogneu le teumon et y’étau parti. Pas bien vite in keunélau plaus tseumans. Mais y’avau tot le tin kèke tsouse à tasarayeu, un sac de son de la Coopé ; après y’in na pu azu à la Coopé, alors nau le prenau vé la Julie. Eune barautan de treufes, de topines, d’arbe plaus lapans et ché pas katan…
Et laus gamans pé s’amuzieu, un gaman ou deux din le barau, les zâtres u teumon et tin qui payau cori in devalant les routes, laus prés. Y’a de maumin qui passau trop près du fossé ou sur eune tâpire et ça baubaillonnaus, ça viraut tau tchu su tête les pattes in l’ar.
Le tin de se ramassieu, rassarer laus gamans d’un couté, le barau de l’âtre, pouan de mâ… Fâlau pas se plandre… Laus gamans remontins din le barau, et y’étau reparti, batou inbtchan mouan vite… pé un momin… Ah ! c’té virants en petiau barau !
Dze me rappelle étau c’tu brave homme de la Place qu’avau son maussiâ de tare in desceindant laus taurâts, y’avau un moussiâ de tare, un moussiâ de vaigne, un moussiâ de luzarne, batou quèques ronzes et… eune teupe de bouissons na. Taut laus dzeux, quin i fazau bon, la seun’ran i fâlau aller faire son apla-yan, avu le petiau barau bien entendu, i fâlau mener eune grapine, un fâsseuron, un dârd, un pani, un tsari et… a peu catsieu u fond du barau… un litre.
Un litre, pé tote eune seun’ran (la consommation moyenne horaire n’étau pas exagérée). À peu quand yavau pu de carburant, i fâlau se rintorner. C’tu brave homme plintau quèques ta-yons de treufes, batout eune duquatre ou cinq kilos.
Et à la fin de l’année i fâlau tirieu c’tes treufes. Pendant au moins deux mois, et batou meu, taus laus dzeus, naus va-yaus passieu c’tu petiau barau avu sa grapine, son tsari, son pani, le litre (que nau va-yau pas). Le soir, après eune grousse seun’rant de travail, i se rintornau, le bonhomme treubaillau, le barau trassiautau, le tsari évanlau par-dessus taut le reste avu sa petiote braissan de rav’nelles (plaus lapans). Le litre se catsau u fond du barau. Le lindeman i repartau pé eune âtre apla-yan « avu le petiau barau, bien entendu », pé un âtre pani de treufes.
Dzé vu su le jpournal que c’tann-née étau i vont faire la virant des vieux. I fait bien plazi. Nau va de dzounes que ne se plaignons pas de leurs douleurs. Et izarportons quèque tsatris… Bien bon. À peu… di qui sairau trigollo… di qui sairau dzauli… di qui farau plaizi si i ziameunin
- dans un petiau barau… ?…

Autrefois dans notre campagne, dans toutes les maisons, petites ou grandes, il y avait un petit barau. Et c’était pratique : il servait tous les jours, à ce moment. Il ne tenait pas de place, piqué sur son derrière dans le garage, ou dans un coin de la grange. Tout le temps prêt à servir. Juste à empoigner le timon et c’était parti. Pas bien vite, en faisant du bruit aux cahots des chemins. Mais il y avait tout le temps quelque chose à transporter, un sac de son de la Coopé, après il n’y en avait plus à la Coopé, alors nous le prenions chez la Julie. Une brouettée de pommes de terre, de topinambours, d’herbe pour les lapins et je ne sais quoi encore…
Et les gamins pour s’amuser, un gamin ou deux dans le barau, les autres au timon, et tant qu’ils pouvaient courir en dévalant les routes, les prés. Parfois ils passaient trop près du fossé ou sur une taupinière et ça chavirait, ça virait tout cul sur tête les pattes en l’air.
Le temps de se ramasser, de rassembler les gamins d’un côté, le barau de l’autre, pas de mal… Fallait pas se plaindre… Les gamins remontaient dans le barau, et c’était reparti, peut-être un peu moins vite… Pour un moment… Ah ! ces virées en petit barau !
Je me rappelle aussi ce brave homme de la Place qui avait son morceau de terre en descendant les Theurots, il avait un morceau de terre, un morceau de vigne, un morceau de luzerne, peut-être quelques ronces et… une touffe de buissons noirs (prunelier). Tous les jours, quand il faisait bon, l’après-midi il fallait aller faire son travail, avec le petit barau bien entendu. Il fallait emporter une binette, une grapine, une faux, un panier, un balluchon et… un peu caché au fond du barau… un litre.
Un litre, pour toute une après-midi (la consommation moyenne horaire n’était pas exagérée). Et puis quand il n’y avait plus de carburant, il fallait s’en retourner. Ce brave homme plantait quelques patates coupées en morceaux, peut-être quatre ou cinq kilos.
Et à la fin de l’année il fallait ramasser ces pommes de terre. Pendant au moins deux mois, et peut-être plus, tous les jours, nous voyions passer ce petit barau avec sa grapine, son balluchon, son panier, le litre (que nous ne voyions pas). Le soir, après une grosse après-midi de travail, il s’en retournait, le bonhomme trébuchant, le barau tressautant, le balluchon se balançant par-dessus tout le reste avec sa petite brassée de ravenelles pour les lapins. Le litre se cachait au fond du barau. Le lendemain il repartait pour une autre après-midi de travail « avec le petit barau, bien entendu », pour un autre panier de patates.
J’ai vu sur le journal que cette année aussi ils vont faire la tournée des vieux. Ça fait bien plaisir. Nous voyons des jeunes qui ne se plaignent pas de leurs douleurs. Et ils apportent quelques friandises… Bien bon. Mais… ce qui serait rigolo… ce qui serait joli… ce qui ferait plaisir, ce serait qu’ils les apportent...
- dans un petit barau !