Coublanc

Source : http://archives.lejsl.com/cgi/jsl_handle?artid=/setl/20050707.JSA0314.html

De Bagdad à Coublanc

Entre Bertrand et Adnan, une amitié plus forte que les dangers de la guerre

A Coublanc en juillet 2005

Comme Florence Aubenas et Hussein Hannoun, Bertrand Lachat, de TF1, et Adnan Shaguati ont partagé les risques en Irak. C'est à Coublanc qu'ils prolongent leur amitié.

Un fixeur, dans le jargon des journalistes pros, est l'assistant officiel des équipes de journalistes en mission à l'étranger. C'est à la fois le chauffeur, le guide, le confident, le protecteur, chargé aussi de trouver des contacts sur place grâce à un réseau d'informateurs. Le fixeur de TF 1 est Adnan Karim Shaguati. Son rôle est identique à celui de Hussein Hanoun pour Florence Aubenas. Ancien international de basket dans l'équipe d'Irak, Adnan est devenu le « collaborateur » officiel de TF1 en octobre 2002. Il avait été repéré auparavant par Marine Jacquemin pour ses compétences et sa fiabilité en période de guerre malgré son rôle initial de chauffeur. «ça commence toujours comme ça. Au début, ils sont juste nos chauffeurs sur place. Mais certains sortent du lot et se révèlent alors très performants pour nous informer, nous guider et nous soutenir aussi.» confie Bertrand Lachat, grand reporter à TF1, natif de Coublanc près de Chauffailles, où réside sa famille, très souvent envoyé spécial en période de conflit. A présent, Adnan fait partie du monde de TF 1. Mais il n'est pas seulement fixeur car vivre des situations aussi effroyables que la guerre, ça créé des liens. Adnan est donc devenu un véritable ami pour certains journalistes comme Bertrand, après qu'ils aient passé six missions de trois semaines ensemble en Irak. Au cours de la dernière, en novembre 2004, Bertrand a fait une promesse à Adnan, celle de lui faire découvrir son pays. «La dernière fois qu'on a travaillé ensemble, c'était pour les élections américaines. Et comme on ne savait pas quand on allait se revoir du fait des gros risques sur place pour les Européens, je lui ai promis des vacances en France.» se souvient le grand reporter. «J'évoquais souvent mon pays pendant les missions, et aussi mon village natal. Adnan m'avait dit qu'il aimerait bien visiter la France. Alors, je lui ai fait cette promesse...Il est toujours là au cours des moments difficiles. C'est aussi une façon de le remercier.» Bertrand a donc offert le billet d'avion à son ami. Pour le visa, il a fallu l'aide de Robert Namias, directeur de l'information de TF 1. Restait à fixer les dates d'accueil et à établir un programme intéressant pour faire voir un maximum de choses à Adnan. Visite de la Capitale, découverte du monde rural et de Coublanc, village natal de Bertrand, promenade à 3 800 mètres d'altitude pour toucher la neige, les vacances ont été chargées en impressions. Adnan et Bertrand ont passé 10 jours privilégiés ensemble, avec des moments de détente exceptionnels. Le retour en Irak est prévu samedi et se fera non sans un petit pincement au cœur pour les deux amis, qui ne savent pas vraiment quand ils se reverront et surtout dans quelles conditions.

E. Nicolas